L'Astronome, 1997 |
A propos de cette série
6 peintures sur toile, inspirées de l'astronome dont le paysage cérébral "percevant" importe davantage que son paysage "perçu".
Ce qu'en dit Micheline LO
Tout d'abord, le ciel étoilé apparaît comme un ordre, comme une stabilité. Mais, retrouvé par hasard au milieu de la nuit, il a basculé, on le sait. Entre savoir et voir, le spectateur sur sa terrasse se sent le passager d'un looping. Il pense soudain à l'astronome et à ses calculs, et glisse d'un pied mal assuré dans le devenir. Reste alors, comme un havre, le mystère de l'obscurité. De là sont nées six toiles.
Ce qu'en dit Henri VAN LIER
Avant même les formations vivantes, il y a les étoiles et les galaxies. Un cosmogoniste contemporain devait encore, serait-ce un moment, tenter de saisir cette origine des origines qu'est le ciel. Non pour lire des histoires de dieux, comme les Anciens mythologues et astrologues. Ni non plus pour y savourer cette harmonie qui, aux yeux de Kant, confirmait la connivence entre le Monde et l'Esprit. Mais pour s'effrayer assez des préformations d'avant toute formation.
Car nous croyons savoir qu'au départ de notre Univers il y eut non pas des formes, ni même des atomes, mais de l'Energie encore non qualifiée. Depuis 2000, on se demande même (Rees, Weinberg, 2000) si notre Univers ne serait pas seulement une solution particulière d'un Multivers, par exemple quant à la vitesse de la lumière, à la charge de l'électron, etc., lesquels cesseraient du même coup d'être à proprement parler des constantes universelles. Un cosmogoniste peut-il faire écho à ces moments si loin de nos corps, même si nous savons, depuis 1963, que ceux-ci se meuvent dans un rayonnement isotropique à 2.7° K, fossile du big bang? Au vrai, en tant que maître des effets de champ perceptivo-moteurs et logico-sémiotiques, tout peintre a une familiarité avec les héros de la tragédie cosmique d'aujourd'hui, qui se nomment Interactions, Collisions, Fusions, Fissions, Ejections, Annihilations, Dilatation, Expansion, Entropie générale et Néguentropies partielles, états proches et éloignés de l'Equilibre, sans oublier ces Singularités entendues comme « les points de l'espace-temps où la courbure de l'espace-temps devient infinie » (Hawking). Il n'est donc pas muet devant le silence éternel de ces espaces infinis qui effrayait Pascal. A condition que son paysage cérébral percevant importe davantage que son paysage perçu. En sorte que le titre de tableaux sur ce thème ne pouvait être le Ciel. Ni même l'Astronomie. Mais seulement et exactement L'Astronome. Chaque tableau proposant des proto-perceptions, un peu celles à « 2.5 dimensions » dont David Marr nous a parlé plus haut. Et dans le souvenir de Malevitch, chez qui les vitesses devenaient immobiles à force d'être rapides. |