Le colombien Garcia Márquez a fait le récit inoubliable des cent années de Macondo, village ceinturé de sierra, de marécages et de forêt équatoriale. Le fondateur y entretient l'âge d'or, tout en restant hanté d'ouverture sur le monde, lequel lui parviendra d'abord à travers les gitans, l'illusionnisme, les chimères alchimiques, voire la science. Et Buendêa redécouvre à lui seul que la terre est "ronde comme une orange". |
Ses nombreux descendants s'accommodent d'un ou deux prénoms, dans l'embrouillaminis desquels chacun vit au superlatif. Le peintre n'a pu quitter ces héros envoûtants sans en poser vingt-quatre sur papier pour les voir, physiquement, avec leur destin sur le visage. |
José Arcadio el mayor, 1992, techniques mixtes sur papier, 50x65cm José Arcadio Buendêa, 1992, techniques mixtes sur papier, 50x65cm
Il
s'agit pour le peintre d'une étape importante. Sa lecture de Salammbô
datait de plus de trente ans, et s'était incrustée dans sa
mémoire comme une pierre volcanique restée chaude. Flaubert fait
rayonner l'épaisseur. Les événements et les états d'âme se
construisent, tellement riches qu'ils emprisonnent le lecteur, pantelant
sous l'accumulation, captif émerveillé d'une sorte de lave
rutilante. C'est cela que la peinture a voulu rendre visible en une
cinquantaine d'approches : papiers, soie, toile.
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La
mort de Mâtho, 1994, acrylique sur toile, 120x200cm